La pile de livres
Je glisse au coeur de l’hiver. Moins en dessous de zéro. Je glisse sur les rails glacés du Tramway. Dans mon cœur, des rayons de livres se lézardent au soleil gelé. Des rayons de livres abandonnés s’étendent, comme pour sécher. Je me souviens pour chacun du jour ambitieux où je les ai achetés. Et pourtant, au cœur de l’hiver, les voilà, abandonnés sur mon étagère. Bêtement pendus au fil de mon envie, épinglés aux listes effrénées de mes carnets, des livres, finalement rien.
Dans ma réserve je les colle, incapable de les jeter, incapable de les donner. Certains disent que c’est rassurant, une pile de livres à lire. Pour moi, bien au contraire, je détourne la tête en les croisant, je veux les oublier, ne plus entendre ces voix qui réclament : « lis-nous ! ».
Jusqu’au soir où, l’hiver dans le coeur, je tenterai de me réchauffer aux mots de celui-ci qui me tend sa couverture jaune doré, ou de cet autre là, dont le seul titre est un poème.
Au cœur du livre, à température ambiante.
Je remonte de quelques degrés.